Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

176
KÉRABAN-LE-TÊTU.

Eh, tenez ! à sa place, je ne me serais pas rendue ! J’aurais insisté !… Je lui croyais plus d’énergie !

— Qui te dit, Nedjeb, qu’il n’a pas montré plus d’énergie à céder aux ordres de son oncle qu’à lui résister ? Ne vois-tu pas, quelque douleur que cela me cause, que mieux valait qu’il fût de ce voyage, pour le hâter par tous les moyens possibles, pour prévenir peut-être des dangers dans lesquels le seigneur Kéraban risque de se jeter avec son entêtement habituel. Non ! Nedjeb, non ! En partant, Ahmet a fait preuve de courage ! En partant, il m’a donné une nouvelle preuve de son amour !

— Il faut que vous ayez raison, ma chère maîtresse ! répondit Nedjeb, qui, emportée par la vivacité de son sang de Zingare, ne pouvait se rendre ! Oui ! le seigneur Ahmet s’est montré énergique en partant ! Mais n’eût-il pas été plus énergique encore s’il eût empêché son oncle de partir !

— Était-ce possible, Nedjeb ? reprit Amasia. Je te le demande, était-ce possible ?

— Oui… non !… peut-être ! répondit Nedjeb. Il n’y a pas de barre de fer qu’on ne puisse faire plier… ou briser, au besoin ! Ah ! cet oncle Kéraban ! C’est bien à lui seul qu’il faut s’en prendre ! Et s’il arrive quelque accident, c’est lui seul qui en sera