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KÉRABAN-LE-TÊTU.

voulu. Non ! Devenue sa nièce, il lui semblait qu’elle aurait eu quelque influence sur lui, qu’elle l’aurait arrêté sur cette pente dangereuse, où son obstination pouvait le pousser encore ! Et maintenant, elle était seule, et il lui fallait attendre bien des semaines avant de se retrouver avec Ahmet dans cette villa de Scutari, où leur union devait s’accomplir !

Mais si Amasia était triste, Nedjeb était furieuse, elle, furieuse contre l’entêté, cause de toutes ces déceptions ! Ah ! s’il se fût agi de son propre mariage, la jeune Zingare ne se fût point laissé enlever ainsi son fiancé ! Elle aurait tenu tête au têtu ! Non ! cela ne se serait pas passé de la sorte !

Nedjeb s’approcha de la jeune fille. Elle la prit par la main ; elle la ramena vers le divan ; elle la força de s’y reposer, et, prenant un coussin, s’assit à ses pieds.

« Chère maîtresse, dit-elle, à votre place, au lieu de penser au seigneur Ahmet pour le plaindre, je penserais au seigneur Kéraban pour le maudire à mon aise !

— À quoi bon ? répondit Amasia.

— Il me semble que ce serait moins triste ! reprit Nedjeb. Si vous le voulez, nous allons accabler cet