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KÉRABAN-LE-TÊTU.

opérer avec plus de circonspection et attendre la nuit pour agir. L’important était qu’Ahmet ne fût plus là…, et il n’y était plus.

Le Maltais resta donc à l’écart, assis à l’arrière de son canot que dissimulait en partie la balustrade, et il observait les deux jeunes filles. Elles ne songeaient guère à la présence de ce dangereux personnage.

Toutefois, si, par suite de la visite convenue, Amasia et Nedjeb consentaient à venir à bord de la tartane, soit pour examiner les articles dont elles devaient faire emplette, soit pour tout autre motif, — et Yarhud avait une idée à cet égard, — il verrait s’il serait opportun de se décider, sans attendre la nuit.

Après le départ d’Ahmet, Amasia, frappée de ce coup subit, était restée silencieuse, pensive, regardant le lointain horizon qui se déroulait vers le nord. Là se dessinait ce littoral, dont les voyageurs allaient obstinément suivre le contour ; là, cette route où les retards, les dangers peut-être, mettraient à l’épreuve le seigneur Kéraban et tous ceux qu’il entraînait malgré eux ! Si son mariage eût été fait, elle n’aurait pas hésité à accompagner Ahmet ! Comment l’oncle s’y serait-il opposé ? Il ne l’eût pas