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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Ah ! vous prétendez monopoliser le Bosphore à votre profit ! Eh bien, je m’en passerai, de votre Bosphore ! Je m’en moque, de votre Bosphore ! — Vous dites, Van Mitten ?…

— Je ne dis rien, répondit Van Mitten, qui, de fait, n’avait pas même ouvert la bouche et s’en fût bien gardé !

— Votre Bosphore ! Leur Bosphore ! reprit le seigneur Kéraban, en tendant son poing vers le sud. Heureusement, la mer Noire est là ! Elle a un littoral, la mer Noire, et il n’est pas uniquement fait pour les conducteurs de caravanes ! Je le suivrai, je le contournerai ! Hein ! mes amis, voyez-vous d’ici la figure que feront ces employés du gouvernement, quand ils me verront apparaître sur les hauteurs de Scutari, sans avoir jeté même un demi-para dans leur sébile de mendiants administratifs ! »

Il faut bien en convenir, le seigneur Kéraban, tout débordant de menaces en cette suprême imprécation, était magnifique.

« Allons, Ahmet ! allons, Van Mitten ! s’écria-t-il. En route ! en route ! en route ! »

Il était déjà sur la porte, lorsque Sélim l’arrêta d’un mot :

« Ami Kéraban, dit-il, une simple observation.