Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

167
KÉRABAN-LE-TÊTU.

Mais Ahmet ordonna à la jeune Zingare de se tenir tranquille, et il fit bien. Certainement, Nedjeb était femme à tout tenter pour arrêter cet oncle intraitable.

Les adieux étaient faits, les derniers baisers étaient échangés. Tous se sentaient émus. Le Hollandais lui-même éprouvait comme un serrement de cœur. Seul, le seigneur Kéraban ne voyait rien ou ne voulait rien voir de l’attendrissement général.

« La chaise est-elle prête ? demanda-t-il à Nizib, qui entrait à ce moment dans la galerie.

— La chaise est prête, répondit Nizib.

— En route ! dit Kéraban. Ah ! messieurs les modernes Ottomans, qui vous habillez à l’européenne ! Ah ! messieurs les nouveaux Turcs, qui ne savez plus même être gras !… »

C’était évidemment là une impardonnable décadence aux yeux du seigneur Kéraban.

« … Ah ! messieurs les renégats, qui vous soumettez aux prescriptions de Mahmoud, je vous montrerai qu’il y a encore de Vieux Croyants, dont vous n’aurez jamais raison ! »

Personne ne le contredisait alors, le seigneur Kéraban, et pourtant il s’animait de plus belle.