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KÉRABAN-LE-TÊTU.

suivit le dernier mot prononcé par le seigneur Kéraban. Mais Ahmet avait énergiquement pris son parti. Il parlait bas à la jeune fille. Il lui faisait comprendre que, quelque chagrin qu’ils dussent ressentir tous deux de ce départ, mieux valait ne pas résister ; que, sans lui, ce voyage pourrait éprouver des retards de toutes sortes ; qu’avec lui, au contraire, ce voyage s’accomplirait plus rapidement ; qu’avec sa parfaite connaissance de la langue russe, il ne laisserait perdre ni un jour ni une heure ; qu’il saurait bien obliger son oncle à faire les pas doubles, comme on dit, cela dût-il lui coûter le triple ; qu’enfin, avant la fin du prochain mois, c’est-à-dire avant la date à laquelle Amasia devait être mariée pour sauvegarder un intérêt de fortune considérable, il aurait ramené Kéraban sur la rive gauche du Bosphore.

Amasia n’avait pas eu la force de dire oui, mais elle comprenait que c’était le meilleur parti à prendre.

« Eh bien, c’est convenu, mon oncle ! dit Ahmet. Je vous accompagnerai, et je suis prêt à partir, mais…

— Oh ! pas de conditions, mon neveu !

— Soit, sans conditions ! » répondit Ahmet.