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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Quoi !… un nouvel impôt ! s’écria Ahmet, qui comprit en un instant dans quelle aventure un entêtement indéracinable venait de lancer son oncle.

— Oui, reprit le seigneur Kéraban en s’animant de plus belle. Au moment où j’allais m’embarquer dans mon caïque… pour aller dîner à Scutari… avec mon ami Van Mitten, cet impôt de dix paras venait d’être établi !… Naturellement, j’ai refusé de payer !… On a refusé de me laisser passer !… J’ai dit que je saurais bien aller à Scutari sans traverser le Bosphore !… On m’a répondu que cela ne serait pas !… J’ai répondu que cela serait !… Et cela sera ! Par Allah ! je me serais plutôt coupé la main que de la porter à ma poche pour en tirer ces dix paras ! Non ! par Mahomet ! par Mahomet ! ils ne connaissent pas Kéraban ! »

Évidemment, ils ne connaissaient pas Kéraban ! Mais son ami Sélim, son neveu Ahmet, Van Mitten, Amasia, le connaissaient, et ils virent bien, après ce qui s’était passé, qu’il serait impossible de le faire revenir sur sa résolution. Il n’y avait donc pas à discuter, — ce qui aurait compliqué les choses, — mais à accepter la situation.

C’était tellement indiqué que cela se fit d’un commun accord, sans même entente préalable.