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KÉRABAN-LE-TÊTU.

présenté, semblait être, avec son impassible figure, quelque étrange personnage, évoqué dans la scène capitale d’un drame.

Tous, à voir le seigneur Kéraban distribuer avec tant de prodigalité ses baisers et ses poignées de main, ne doutaient plus qu’il ne fût venu pour hâter le mariage ; mais, lorsqu’ils l’entendirent s’écrier « En route ! », ils tombèrent dans le plus parfait ahurissement.

Ce fut Ahmet qui intervint le premier en disant :

« Comment, en route !

— Oui ! en route, mon neveu !

— Vous allez repartir, mon oncle ?

— À l’instant ! »

Nouvelle stupéfaction générale, tandis que Van Mitten disait à l’oreille de Bruno :

« En vérité, ces façons d’agir sont bien dans le caractère de mon ami Kéraban !

— Trop bien ! » répondit Bruno.

Cependant, Amasia regardait Ahmet, qui regardait Sélim, tandis que Nedjeb n’avait d’yeux que pour cet oncle invraisemblable, — un homme capable de partir avant même d’être arrivé !

« Allons, Van Mitten, reprit le seigneur Kéraban, en se dirigeant vers la porte.