Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

137
KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Non, répondit Ahmet, pas même une lettre d’affaires de mon oncle Kéraban !

— Oh ! le vilain homme ! s’écria la jeune Zingare.

— Je trouve même assez inexplicable, reprit Ahmet, que le courrier n’ait apporté aucune correspondance de son comptoir. C’est le jour où, d’habitude, sans y manquer jamais, il règle ses opérations avec son banquier d’Odessa, et votre père n’a point reçu de lettre à ce sujet !

— En effet, mon cher Ahmet, de la part d’un négociant aussi régulier dans ses affaires que votre oncle Kéraban, cela a lieu d’étonner ! Peut-être une dépêche ?…

— Lui ? envoyer une dépêche ? Mais, chère Amasia, vous savez bien qu’il ne correspond pas plus par le télégraphe qu’il ne voyage par le chemin de fer ! Utiliser ces inventions modernes, même pour ses relations commerciales ! Il aimerait mieux, je crois, recevoir une mauvaise nouvelle par lettre, qu’une bonne par dépêche ! Ah ! l’oncle Kéraban !…

— Vous lui aviez écrit pourtant, cher Ahmet ? demanda la jeune fille, dont les regards se levèrent doucement sur son fiancé.

— Je lui ai écrit dix fois pour presser son arrivée