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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Ah ! comment ose-t-on marcher avec cela ! s’écria la jeune Zingare. Et qui va être jalouse, maintenant ? Votre tête, chère maîtresse, jalouse de vos petits pieds !

— Tu me fais rire, Nedjeb, répondit Amasia, et pourtant…

— Et ces bras, ces jolis bras, que vous laissez tout nus ! Que vous ont-il donc fait ? Le seigneur Ahmet ne les a pas oubliés, lui ! Je vois là des bracelets qui leur iront à merveille ! Pauvres petits bras, comme on vous traite !… Heureusement, je suis la ! »

Et tout en riant, Nedjeb passait aux poignets de la jeune fille deux magnifiques bracelets, plus resplendissants sur cette peau blanche et chaude que sur le velours de leur écrin.

Amasia se laissait faire. Tous ces bijoux lui parlaient d’Ahmet, et, à travers l’incessant babil de Nedjeb, ses yeux, allant de l’un à l’autre, lui répondaient en silence.

« Chère Amasia ! »

La jeune fille, à cette voix, se leva précipitamment.

Un jeune homme, dont les vingt-deux ans allaient bien aux seize ans de sa fiancée, était près