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KÉRABAN-LE-TÊTU.

même qui vous dirait toutes ces vérités, et, de sa bouche, elles auraient un bien autre prix que de la mienne ! »

Puis, prenant une paire de pantoufles, déposées près du coffret, Nedjeb se prit à dire :

« Et ces jolies babouches, toutes pailletées et passementées, avec des houppes de cygne, faites pour deux petits pieds que je connais !… Voyons laissez-moi vous les essayer !

— Essaye-les toi-même, Nedjeb.

— Moi ?

— Ce ne serait pas la première fois que, pour me faire plaisir…

— Sans doute ! sans doute ! répondit Nedjeb. Oui ! j’ai déjà essayé vos belles toilettes… et j’allais me montrer sur les terrasses de la villa… et l’on risquait de me prendre pour vous, chère maîtresse ! C’est que j’étais bien belle ainsi !… Mais non ! cela ne doit pas être, et aujourd’hui moins que jamais.

— Voyons, essayez ces jolies pantoufles !

— Tu le veux ? »

Et Amasia se prêta complaisamment au caprice de Nedjeb, qui la chaussa de pantoufles dignes d’être mises en évidence derrière quelque vitrine de bibelots précieux.