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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Nous ferions peut-être mieux de revenir en arrière et de prendre un autre chemin ?

— Nous ferons mieux, au contraire, de continuer à marcher en avant et de ne rien changer à notre itinéraire !

— Mais le moyen ?…

— Le moyen, répondit le têtu personnage, consiste à envoyer chercher des chevaux du renfort au village le plus voisin. Que nous couchions dans notre voiture ou dans une auberge, peu importe ! »

Il n’y avait rien à répliquer. Le postillon et Nizib furent détachés à la recherche du plus prochain village, qui ne laissait pas d’être assez éloigné. Très probablement, ils ne pourraient être de retour qu’au lever du soleil. Le seigneur Kéraban, Van Mitten et Bruno durent donc se résigner à passer la nuit au milieu de cette vaste steppe, aussi abandonnés qu’ils l’eussent été au plus profond des déserts de l’Australie centrale. Très heureusement, la chaise, enfoncée dans les vases jusqu’au moyeu des roues, ne menaçait pas de s’enliser davantage.

Cependant, la nuit était fort obscure. De gros nuages, très bas, en voie de condensation, chassés par les vents de la mer Noire, couraient à travers