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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ce soit à son compagnon de route. L’apparence d’une contradiction eût amené quelque scène. Aussi, pour l’apaiser, daubait-il à son tour le gouvernement turc en particulier, et tous les gouvernements en général.

« Mais il n’est pas possible, disait Kéraban, qu’en Hollande, il y ait de pareils abus !

— Il y en a, au contraire, ami Kéraban, répondait Van Mitten, qui voulait, avant tout, calmer son compagnon.

— Je vous dis que non ! reprenait celui-ci. Je vous dis qu’il n’y a que Constantinople où de pareilles iniquités soient possibles ! Est-ce qu’à Rotterdam on a jamais songé à mettre un impôt sur les caïques ?

— Nous n’avons pas de caïques !

— Peu importe !

— Comment, peu importe ?

— Eh ! vous en auriez, que jamais votre roi n’eût osé les taxer ! Allez-vous maintenant me soutenir que le gouvernement de ces nouveaux Turcs n’est pas le pire gouvernement qu’il y ait au monde ?

— Le pire, à coup sûr ! » répondait Van Mitten, pour couper court à une discussion qu’il sentait poindre.