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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

N’est-ce pas une curieuse remarque à faire que, au Pérou aussi bien qu’au Mexique, les Espagnols furent favorisés par des circonstances tout à fait exceptionnelles ? Au Mexique, des peuples récemment soumis à la race aztèque, foulés sans merci par leurs vainqueurs, les accueillent comme des libérateurs ; au Pérou, la lutte de deux frères ennemis, acharnés l’un contre l’autre, empêche les Indiens de tourner toutes leurs forces contre les envahisseurs qu’ils auraient facilement écrasés !

Pizarre, en recevant les envoyés d’Huascar qui venaient lui demander secours contre son frère Atahualpa, qu’il représentait comme un rebelle et un usurpateur, avait aussitôt compris tout le parti qu’il pouvait tirer des circonstances. Il comptait bien qu’en prenant la défense de l’un des compétiteurs, il pourrait plus facilement les opprimer tous les deux. Il s’avança aussitôt dans l’intérieur du pays, à la tête de forces peu considérables, soixante-deux cavaliers et cent vingt fantassins dont une vingtaine seulement étaient armés d’arquebuses et de mousquets, car il avait fallu laisser une partie de ses troupes à la garde de San-Miguel, où Pizarre comptait trouver un refuge en cas d’insuccès et où devaient, en tout cas, débarquer les secours qui pourraient lui arriver.

Pizarre se dirigea sur Caxamalca, petite ville située à une vingtaine de journées de marche de la côte. Il dut, pour cela, traverser un désert de sables brûlants, sans eau et sans arbres, qui s’étendait sur vingt lieues