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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

D’ailleurs, les vieux chroniqueurs s’accordent à dire que ce pouvoir sans bornes fut toujours employé par les Incas pour le bonheur de leurs sujets. D’une série de douze rois qui se succédèrent sur le trône du Pérou, il n’en est aucun qui n’ait laissé le souvenir d’un prince juste et adoré de ses peuples. Ne chercherait-on pas vainement dans le reste du monde une contrée dont les annales rapportent un fait analogue ? Ne faut-il pas, dès lors, regretter que les Espagnols aient apporté la guerre et ses horreurs, les maladies et les vices d’un autre climat et ce que, dans leur orgueil, ils appelaient la civilisation, chez des peuples heureux et riches, dont les descendants appauvris, abâtardis, n’ont même pas, pour les consoler de leur irrémédiable décadence, le souvenir de leur antique prospérité ?

« Les Péruviens, dit Michelet dans son admirable Précis d’histoire moderne, transmettaient les principaux faits à la postérité par des nœuds qu’ils faisaient à des cordes. Ils avaient des obélisques, des gnomons réguliers pour marquer les points des équinoxes et des solstices. Leur année était de trois cent soixante-cinq jours. Ils avaient élevé des prodiges d’architecture et taillé des statues avec un art surprenant. C’était la nation la plus policée et la plus industrieuse du nouveau monde. »

L’Inca Huayna-Capac, père d’Atahualpa sous qui ce vaste empire fut détruit, l’avait beaucoup augmenté et embelli. Cet Inca, qui conquit tout le pays de Quito, avait fait, par les mains de ses soldats et des peuples