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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

de Candia et Alonso de Molina, qui lui en rapportèrent une description enthousiaste, et il se fit livrer quelques vases d’or ainsi que des lamas, quadrupèdes domestiqués par les Péruviens. Enfin il prit à son bord deux naturels qu’il se proposait de faire instruire dans la langue espagnole et d’utiliser comme interprètes, lorsqu’il reviendrait dans le pays. Il mouilla ensuite successivement à Payta, à Saugarata et dans la baie de Santa-Cruz, dont la souveraine, Capillana, accueillit ces étrangers avec tant de démonstrations amicales que plusieurs d’entre eux ne voulurent plus se rembarquer. Après avoir descendu la côte jusqu’à Porto-Santo, Pizarre reprit la route de Panama, où il arriva après trois ans entiers passés en explorations dangereuses qui avaient complétement ruiné de Luque et Almagro.

Avant d’entreprendre la conquête du pays qu’il avait découvert et ne pouvant obtenir de Los Rios la permission d’engager de nouveaux aventuriers, Pizarre résolut de s’adresser à Charles-Quint. Il emprunta donc la somme nécessaire au voyage et passa en Espagne, en 1528, pour y rendre compte à l’empereur de ce qu’il avait entrepris. Il lui fit le tableau le plus séduisant des pays à conquérir et obtint en récompense de ses travaux les titres de gouverneur, capitaine général, et d’alguazil major du Pérou, à perpétuité pour lui et ses héritiers. En même temps, la noblesse lui était conférée avec mille écus de pension. Sa juridiction, indépendante du gouverneur de Panama, devait s’étendre sur un espace de deux cents lieues, au sud de la rivière de Santiago,