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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

lui tuèrent tant de monde qu’il fut contraint de se retirer fort en désordre au pays de Chinchama, qui n’est pas éloigné du lieu d’où il était parti. Cependant Almagro, qui était resté à Panama, y équipait un navire, sur lequel il s’embarqua avec soixante-dix Espagnols et descendit la côte jusqu’à la rivière San-Juan, à cent lieues de Panama. N’ayant pas rencontré Pizarre, il remonta jusqu’au Peuple brûlé, où, ayant reconnu par quelques marques qu’il y avait été, il débarqua son monde. Mais les Indiens, enflés de la victoire qu’ils avaient remportée sur Pizarre, résistèrent bravement, forcèrent les retranchements dont Almagro s’était couvert et le contraignirent à se rembarquer. Il retourna donc en suivant toujours la côte jusqu’à ce qu’il arrivât à Chinchama, où il trouva François Pizarre. Ils furent fort aises de se revoir, et, ayant joint leurs gens avec quelques nouveaux soldats qu’ils levèrent, ils se virent suivis de deux cents Espagnols et redescendirent encore une fois la côte. Ils souffrirent tellement de la disette des vivres et des attaques des Indiens, que don Diègue retourna à Panama pour y faire quelques recrues et en tirer des provisions. Il en ramena quatre-vingts hommes, avec lesquels et ceux qui leur restaient ils allèrent jusqu’au pays qu’on nomme Catamez, pays médiocrement peuplé et où ils trouvèrent abondamment des vivres. Ils remarquèrent que les Indiens de ces lieux, qui les attaquaient et leur faisaient la guerre, avaient le visage tout parsemé de clous d’or enchâssés dans des trous qu’ils se faisaient exprès pour porter ces ornements. Diego de Almagro