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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

un riche ecclésiastique de Tabago, qui exerçait les fonctions de maître d’école à Panama.

Le plus jeune de ces trois aventuriers avait alors plus de cinquante ans, et Garcilasso de la Vega raconte que, lorsqu’on connut leur projet, ils devinrent l’objet de la dérision générale ; mais c’était surtout de Fernand de Luque qu’on se moquait, si bien qu’on ne l’appelait plus que Hernando el Loco, Fernand le Fou.

L’association fut vite conclue entre ces trois hommes, dont deux au moins étaient sans peur, s’ils n’étaient tous trois sans reproches. Luque donna l’argent nécessaire à l’armement des vaisseaux et à la paye des soldats ; Almagro y participa également ; mais Pizarre, qui ne possédait que son épée, dut payer autrement sa contribution. Ce fut lui qui prit le commandement de la première tentative que nous allons raconter avec quelques détails, parce que là éclatent dans tout leur jour la persévérance et l’inflexible obstination du « conquistador. »

« Ayant donc demandé et obtenu permission de Pedro Arias d’Avila, rapporte Augustin de Zarate, un des historiens de la conquête du Pérou, François Pizarre équipa avec assez de peine un vaisseau, sur lequel il s’embarqua avec cent quatorze hommes. Il découvrit à cinquante lieues de Panama une petite et pauvre province nommée Pérou, ce qui depuis a fait donner improprement le même nom à tout le pays qu’on découvrit le long de cette côte par l’espace de plus de douze cents lieues de longueur. Passant outre, il découvrit un autre pays, que les Espagnols nommèrent le Peuple brûlé. Les Indiens