Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

citer l’appui du gouvernement espagnol. Puis, il partit pour Tolède, où se trouvait la cour. L’annonce seule de son retour avait produit dans l’opinion un revirement complet. Ses prétendus projets de révolte et d’indépendance se trouvaient démentis par cette arrivée inopinée. Charles-Quint comprit sans peine que le sentiment public se révolterait à la pensée de punir un homme qui avait ajouté à la couronne de Castille son plus beau fleuron. Le voyage de Cortès ne fut qu’un triomphe continuel au milieu d’un concours inouï de population. « Les maisons et les rues des grandes villes et des villages, rapporte Prescott, étaient remplies de spectateurs impatients de contempler le héros dont le bras venait en quelque sorte de conquérir seul un empire à l’Espagne, et qui, pour emprunter le langage d’un vieil historien, marchait dans la pompe et la gloire, non d’un grand vassal, mais d’un monarque indépendant. »

Après lui avoir accordé plusieurs audiences et donné de ces marques particulières de faveur qui sont, par les courtisans, qualifiées de considérables, Charles-Quint daigna accepter l’empire que Cortès lui avait conquis et les présents magnifiques qu’il lui apportait. Mais il crut avoir tout fait pour le récompenser en lui donnant le titre de marquis della Valle de Oajaca et la charge de capitaine général de la Nouvelle-Espagne, sans lui restituer toutefois le gouvernement civil, pouvoir qui lui avait été attribué autrefois par la junte de Vera-Cruz. Puis Cortès, ayant épousé la nièce du duc de Béjar, d’une des premières familles de Castille,