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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

reils dont on avait bandé ses blessures, refusa toute nourriture et expira en maudissant les Espagnols.

Après un événement si funeste, on ne devait plus songer à entrer en accommodement avec les Mexicains, et il fallait à tout prix et rapidement se retirer d’une ville où l’on allait être bloqué et affamé. Cortès le comprit et s’y prépara en secret. Ses troupes étaient tous les jours serrées de plus près ; lui-même dut mainte fois mettre l’épée à la main et combattre comme un simple soldat. Solis raconte même, on ne sait d’après quelle autorité, que, dans un assaut donné à l’un des édifices qui dominaient le quartier des Espagnols, deux jeunes Mexicains, reconnaissant Cortès qui animait ses soldats de la voix, résolurent de se sacrifier pour faire périr l’auteur des calamités de leur patrie. Ils s’approchèrent de lui dans une posture suppliante, comme s’ils voulaient lui demander quartier, et, le saisissant au milieu du corps, ils l’entraînèrent vers les créneaux, par lesquels ils se précipitèrent, espérant l’entraîner avec eux. Mais, grâce à sa force et à son agilité exceptionnelles, Cortès put échapper à leur étreinte, et ces braves Mexicains périrent dans leur tentative généreuse et inutile pour le salut de leur pays.

La retraite une fois décidée, il s’agissait de savoir si on l’opérerait de jour ou de nuit. De jour, on pourrait mieux résister à l’ennemi, on verrait mieux les embûches préparées, on pourrait plus facilement prendre ses précautions pour rétablir les ponts rompus par les Mexicains. D’un autre côté, on savait que les Indiens