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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

tête de Cortès et de ses principaux officiers et s’avança à sa rencontre. Ce dernier était trop habile pour livrer bataille dans des conditions défavorables. Il temporisa, lassa Narvaez et ses troupes, qui rentrèrent à Zempoalla, et prit si bien ses mesures que, la surprise et la terreur d’une attaque nocturne compensant l’infériorité de ses forces, il fit prisonnier son adversaire et toutes ses troupes, et ne perdit lui-même que deux soldats.

Le vainqueur traita bien les vaincus, leur laissant le choix ou de se retirer à Cuba ou de partager sa fortune. Cette dernière perspective, appuyée de présents et de promesses, parut tellement séduisante aux nouveaux débarqués, que Cortès se vit à la tête de mille soldats, le lendemain du jour où il était sur le point de tomber entre les mains de Narvaez.

Ce brusque revirement de fortune fut puissamment secondé par l’habileté diplomatique de Cortès, qui se hâta de reprendre le chemin de Mexico. Les troupes qu’il y avait laissées sous le commandement d’Alvarado, à la garde de ses trésors et de l’empereur son prisonnier, étaient réduites aux dernières extrémités par les indigènes, qui avaient tué ou blessé un grand nombre de soldats et tenaient le reste étroitement bloqué, sous la menace permanente d’un assaut général. Il faut avouer, du reste, que la conduite imprudente et criminelle des Espagnols et notamment le massacre, pendant une fête, des citoyens les plus distingués de l’empire, avaient amené le soulèvement qu’ils redoutaient et qu’ils avaient voulu prévenir.