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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

venait de recevoir lui fournissaient d’ailleurs un excellent prétexte : Qualpopoca, général mexicain, avait attaqué les provinces soumises aux Espagnols, blessé à mort Escalante et sept de ses soldats ; enfin la tête d’un prisonnier décapité, promenée de ville en ville, prouvait que les envahisseurs pouvaient être vaincus et n’étaient rien de plus que de simples mortels.

Cortès profita de ces événements pour accuser l’empereur de perfidie. Il prétendit que, s’il lui faisait bonne mine ainsi qu’à ses soldats, c’était afin de saisir l’occasion favorable de leur faire subir le même traitement qu’à Escalante, procédé indigne d’un souverain et bien différent de la confiance avec laquelle Cortès était venu le trouver. Si, d’ailleurs, les soupçons que tous les Espagnols avaient conçus n’étaient pas fondés, l’empereur avait un moyen bien simple de se justifier en faisant punir Qualpopoca. Enfin, pour empêcher le retour d’agressions qui ne pouvaient que nuire à la bonne harmonie et afin de prouver aux Mexicains qu’il ne nourrissait contre les Espagnols aucun mauvais dessein, Montézuma n’avait d’autre parti à prendre que de venir résider au milieu d’eux. L’empereur ne s’y décida pas facilement, cela se comprend de reste, mais il lui fallut céder à la violence et aux menaces. En annonçant à ses sujets sa nouvelle résolution, il dut plusieurs fois leur assurer qu’il se mettait librement et de son plein gré entre les mains des Espagnols et les calmer par ces paroles, car ils menaçaient de se jeter sur les étrangers.