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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

À la seconde entrevue, des présents magnifiques furent offerts au général ainsi qu’à ses soldats. Montézuma raconta que, suivant une antique tradition, les ancêtres des Aztecs seraient venus, dans le pays, sous la conduite d’un homme blanc et barbu comme les Espagnols. Après avoir fondé leur puissance, il s’était embarqué sur l’Océan, en leur promettant que ses descendants viendraient un jour les visiter et réformer leurs lois. S’il les recevait aujourd’hui, non comme des étrangers, mais comme des pères, c’est qu’il était persuadé de voir en eux les descendants de leur ancien chef et qu’il les priait de se regarder comme les maîtres de ses États.

Les jours suivants furent employés à visiter la ville, qui parut aux Espagnols plus grande, plus populeuse, plus belle qu’aucune autre de celles qu’ils avaient vues jusque-là en Amérique. Ce qui constituait sa singularité, c’étaient ces chaussées qui la mettaient en communication avec la terre ferme, chaussées coupées de place en place pour permettre un libre passage aux embarcations qui sillonnaient le lac. Sur ces ouvertures étaient jetés des ponts qui pouvaient être facilement détruits. Du côté de l’est, il n’y avait pas de chaussée, et l’on ne pouvait communiquer avec la terre ferme qu’au moyen de canots.

Cette disposition de Mexico n’était pas sans inquiéter Cortès, qui pouvait se voir tout d’un coup bloqué dans la capitale sans qu’il lui fût possible d’en sortir. Il résolut donc, pour prévenir toute tentative séditieuse, de s’assurer de l’empereur comme otage. Les nouvelles qu’il