Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

d’abord assez rares, étaient bientôt devenus si fréquents qu’on évalue à vingt mille, année moyenne, le nombre des victimes immolées, et qui étaient pour la plupart fournies par les nations vaincues. Dans certaines circonstances, ce nombre fut même beaucoup plus élevé. C’est ainsi qu’en 1486, lors de l’inauguration du temple d’Huitzilopchit, soixante-dix mille captifs périrent en un seul jour.

Le gouvernement du Mexique était monarchique ; mais la puissance des empereurs, d’abord assez restreinte, s’était accrue avec les conquêtes et était devenue despotique. Le souverain était toujours choisi dans la même famille, et son avénement était marqué par de nombreux sacrifices humains.

L’empereur Montézuma appartenait à la caste sacerdotale, et son pouvoir en avait reçu de singuliers accroissements. À la suite de nombreuses guerres, il avait reculé les frontières et subjugué des nations qui accueillirent avec empressement les Espagnols, dont la domination leur paraissait devoir être moins pesante et moins cruelle que celle des Aztecs.

Il est parfaitement certain que si Montézuma fût tombé avec les forces considérables dont il disposait sur les Espagnols, lorsque ceux-ci occupaient la plage chaude et malsaine de Vera-Cruz, ils n’auraient pu, malgré la supériorité de leurs armes et de leur discipline, résister à un pareil choc. Ils auraient tous péri ou auraient été forcés de se rembarquer. Les destinées du nouveau monde eussent été complétement changées.