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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

indigènes étaient entièrement changées, et l’on dut employer la violence. Malgré leur nombre et leur bravoure, les Indiens furent battus dans plusieurs actions, grâce à la terreur que leur inspirèrent les détonations des armes à feu et l’aspect des cavaliers montés, qu’ils prenaient pour des êtres surnaturels. Les Indiens perdirent beaucoup de monde dans ces combats, et les Espagnols eurent deux tués, quatorze hommes et plusieurs chevaux blessés ; on pansa ces derniers avec de la graisse d’Indien prise sur les morts. Enfin la paix fut conclue, et Cortès reçut des vivres, des habits de coton, un peu d’or et vingt femmes esclaves, parmi lesquelles était cette Marina, célébrée par tous les historiens de la conquête, qui devait rendre aux Espagnols tant de signalés services comme interprète.

Cortès continua sa course à l’ouest, cherchant un endroit propre au débarquement, mais il ne le trouva qu’à Saint-Jean d’Ulloa. À peine la flotte avait-elle jeté l’ancre, qu’un canot s’approcha sans crainte du vaisseau amiral. Grâce à Marina, qui était d’origine aztèque, Cortès apprit que les peuples de ce pays étaient sujets d’un grand empire dont leur province était une conquête récente. Leur monarque, appelé Moctheuzoma, mieux connu sous le nom de Montézuma, habitait Tenochtitlan ou Mexico, à soixante-dix lieues environ dans l’intérieur. Cortès fit part aux Indiens de ses intentions pacifiques, leur offrit quelques présents, et débarqua sur la plage torride et malsaine de Vera-Cruz. Les provisions affluèrent aussitôt. Mais, le lendemain