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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Ajoutez à cela qu’il avait une belle prestance, une habileté prodigieuse dans tous les exercices du corps, et une force d’endurance rare, même parmi ces aventuriers habitués à tout souffrir.

Sa commission une fois reçue avec les marques de la reconnaissance la plus respectueuse, Cortès arbora à la porte de sa maison un étendard de velours noir brodé d’or, portant une croix rouge au milieu de flammes bleues et blanches, et au-dessous cette légende en latin : « Amis, suivons la croix, et si nous avons la foi, nous vaincrons par ce signe. » Il concentra dès lors toutes les ressources de son esprit ingénieux sur les moyens propres à faire réussir l’entreprise. Poussé par un enthousiasme que ne lui auraient jamais supposé ceux mêmes qui le connaissaient le mieux, non-seulement il consacra tout l’argent qu’il possédait à l’armement de sa flotte, mais encore il engagea ses propriétés, et il emprunta à ses amis des sommes considérables, qui lui servirent à l’achat de vaisseaux, de vivres, de munitions de guerre et de chevaux. En peu de jours, trois cents volontaires s’enrôlèrent, attirés par la renommée du général, alléchés par les risques et les profits vraisemblables de l’entreprise.

Mais Vélasquez, toujours soupçonneux et sans doute poussé par quelques envieux, faillit arrêter l’expédition à ses débuts. Averti par ses deux protecteurs que le gouverneur voulait lui enlever le commandement en chef, Cortès eut bientôt pris sa résolution. Bien que les équipages fussent incomplets et l’armement insuf-