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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

mêmes n’étaient plus d’accord. Bref, après avoir radoubé le plus grand des navires dans le rio Tonala, où Bernal Dias se vante d’avoir semé les premiers pépins d’orangers qui vinrent au Mexique, les Espagnols reprirent la route de Santiago de Cuba, où ils arrivèrent le 15 novembre, après une croisière de sept mois, et non pas de quarante-cinq jours, comme le dit M. Ferdinand Denis dans la Biographie Didot, et comme il est répété dans les Voyageurs anciens et modernes de M. Ed. Charton.

Considérables étaient les résultats obtenus dans ce voyage. Pour la première fois, l’immense ligne de côtes qui forme la presqu’île de Yucatan, la baie de Campêche et le fond du golfe du Mexique avait été explorée sans discontinuité, de cap en cap. Non-seulement on savait maintenant que le Yucatan n’était pas une île, comme on l’avait cru, mais on avait recueilli de nombreuses et précises informations sur l’existence du riche et puissant empire du Mexique. On avait été surtout frappé des marques d’une civilisation plus avancée que celle des Antilles, de la supériorité de l’architecture, de la culture habile du sol, de la délicatesse de tissu des vêtements de coton et du fini des ornements d’or que portaient les indigènes, toutes choses qui devaient exalter chez les Espagnols de Cuba la soif des richesses et les décider à s’élancer, modernes Argonautes, à la conquête de cette nouvelle Toison d’or.

Mais, cette périlleuse et intelligente navigation qui jetait un jour si nouveau sur la civilisation indienne, Grijalva n’en devait pas recueillir les fruits. Le sic vos,