Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

belliqueuse. Il reprit donc la mer, après quatre jours de relâche, continua à longer dans l’ouest la côte du Mexique, entra le 17 mai dans une rivière appelée Tabasco par les indigènes, et s’y vit bientôt entouré d’une flottille d’une cinquantaine de pirogues, chargées de guerriers, prêts à engager le combat. Grâce à la prudence de Grijalva et aux démonstrations amicales qu’il ne ménagea pas, la paix ne fut point troublée.

« Nous leur fîmes dire, écrit Bernal Dias, que nous étions sujets d’un grand empereur ayant nom don Carlos, qu’eux aussi doivent le prendre pour maître et qu’ils s’en trouveront bien. Ils nous répondirent qu’ils avaient déjà un souverain et qu’ils ne comprenaient pas que, à peine arrivés, nous leur en offrissions un autre avant de les connaître. » Il faut avouer que cette réponse ne sentait pas trop son sauvage.

En échange de quelques bibelots européens sans valeur, les Espagnols reçurent du pain de yucca, de la gomme copale, des morceaux d’or taillés en forme de poissons ou d’oiseaux, ainsi que des vêtements de coton fabriqués dans le pays. Comme les indigènes, embarqués au cap Cotoche, n’entendaient pas bien la langue des habitants de Tabasco, la relâche en cet endroit fut abrégée et l’on reprit la mer. On passa devant le rio Guatzacoalco, on aperçut les sierras neigeuses de San-Martin et l’on jeta l’ancre à l’embouchure d’un fleuve qui fut appelé Rio de las Banderas, à cause des nombreuses bannières blanches qu’en signe de paix les indigènes déployèrent à la vue des étrangers.