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LA GRANDE FLIBUSTE

pour dérober tout ce qui put leur tomber sous la main. Cependant, La Sale, qui avait le talent de ne paraître jamais abattu par la mauvaise fortune et qui trouvait dans son génie des ressources appropriées aux circonstances, fit commencer les travaux d’établissement. Pour donner courage à ses compagnons, il mit plus d’une fois la main à l’ouvrage ; mais les travaux n’avancèrent que lentement à cause de l’ignorance des ouvriers. Bientôt, frappé de la ressemblance du langage et des habitudes des Indiens de ces parages avec ceux du Mississipi, La Sale se persuada qu’il n’était pas éloigné de ce fleuve et fit plusieurs excursions pour s’en rapprocher. Mais, s’il trouvait un pays beau et fertile, il n’en était pas plus avancé pour ce qu’il cherchait. Il revenait chaque fois au fort, plus sombre et plus dur, et ce n’était pas le moyen de remettre le calme dans ces esprits aigris par les souffrances et l’inanité de leurs efforts. Des graines avaient été semées ; mais presque rien n’avait levé, faute de pluie. Ce qui avait poussé n’avait pas tardé d’être ravagé par les sauvages et par les bêtes fauves. Les chasseurs qui s’éloignaient du camp étaient massacrés par les Indiens, et les maladies trouvaient une proie facile dans ces hommes accablés par l’ennui, le chagrin et la misère. En peu de temps, le nombre des colons tomba à trente-sept. Enfin, La Sale résolut de tenter un dernier effort pour gagner le Mississipi et, en descendant ce fleuve, trouver du secours chez les nations avec lesquelles il avait fait