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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

dant, et l’expédition remit à la voile le 25 novembre. Un mois après, elle était à la hauteur de la Floride ; mais, comme « on avait assuré à La Sale que, dans le golfe du Mexique, tous les courants portaient à l’est, il ne douta pas que l’embouchure du Mississipi ne lui restât bien à l’ouest ; erreur qui fut la source de toutes ses disgrâces. »

La Sale fit donc porter à l’ouest et dépassa sans s’en apercevoir, sans vouloir même faire attention à certains indices qu’on le priait de remarquer, l’embouchure du Mississipi. Quand il s’aperçut de son erreur et qu’il pria M. de Beaujeu de revenir en arrière, celui-ci ne voulut plus y consentir. La Sale, voyant qu’il ne pouvait rien gagner sur l’esprit contrariant de son compagnon, se décida à débarquer ses hommes et ses provisions dans la baie Saint-Bernard. Mais, jusque dans ce dernier acte, Beaujeu mit une mauvaise volonté coupable et qui fait aussi peu d’honneur à son jugement qu’à son patriotisme. Non-seulement il ne voulut pas débarquer toutes les provisions, sous prétexte que, certaines étant à fond de cale, il n’avait pas le temps, de changer tout son arrimage, mais encore il donna asile sur son bord au patron et à l’équipage de la flûte chargée des munitions, des ustensiles et des outils nécessaires à un nouvel établissement, gens que tout semble convaincre d’avoir jeté, de propos délibéré, leur bâtiment à la côte. En même temps, quantité de sauvages profitèrent du désordre causé par le naufrage de la flûte