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LA GRANDE FLIBUSTE

kinac, où il retrouva Tonti. Ils en repartirent ensemble vers la fin d’août pour Catarocouy, où ils s’embarquèrent sur le lac Érié avec cinquante-quatre personnes, le 28 août 1681. Après une course de quatre-vingts lieues le long de la rivière glacée des Illinois, ils atteignirent le fort de Crèvecœur, où les eaux libres leur permirent de se servir de leurs canots. Le 6 février 1682, La Sale arriva au confluent de l’Illinois et du Mississipi. Il descendit le fleuve, reconnut l’embouchure du Missouri, celle de l’Ohio, où il éleva un fort, pénétra dans le pays des Arkansas, dont il prit possession au nom de la France, traversa le pays des Natchez, avec lesquels il fit un traité d’amitié, et déboucha enfin, le 9 avril, après une navigation de trois cent cinquante lieues sur une simple barque, dans le golfe du Mexique. Les prévisions si habilement conçues par Cavelier de La Sale étaient réalisées. Il prit aussitôt solennellement possession de la contrée, à laquelle il donna le nom de Louisiane, et appela Saint-Louis le fleuve immense qu’il venait de découvrir.

Il ne fallut pas moins d’un an et demi à La Sale pour revenir au Canada. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, quand on songe à tous les obstacles semés sur son chemin. Quelle énergie, quelle force d’âme il fallut à l’un des plus grands voyageurs dont la France puisse s’enorgueillir, pour mener à bien semblable entreprise !

Par malheur, un homme, cependant bien intentionné, mais qui se laissa prévenir contre La Sale