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LA GRANDE FLIBUSTE

remit à son fils, le marquis de Seignelay, qui lui avait succédé, les dépêches dont il était porteur. Ce projet, qui paraissait reposer sur des bases sérieuses, ne pouvait que plaire à un jeune ministre. Aussi Seignelay présenta-t-il La Sale au roi, qui lui fit expédier des lettres de noblesse, lui accorda la seigneurie de Catarocouy et le gouvernement du fort qu’il avait bâti, avec le monopole du commerce dans les contrées qu’il pourrait découvrir.

La Sale avait également trouvé moyen de se faire patronner par le prince de Conti, qui lui demanda d’emmener le chevalier Tonti, fils de l’inventeur de la Tontine, auquel il s’intéressait. C’était pour La Sale une précieuse acquisition. Tonti, qui avait fait campagne en Sicile, où il avait eu la main emportée par un éclat de grenade, était un brave et habile officier, qui se montra toujours excessivement dévoué.

La Sale et Tonti s’embarquèrent à La Rochelle, le 14 juillet 1678, emmenant avec eux une trentaine d’hommes, ouvriers et soldats, et un récollet, le père Hennepin, qui les accompagna dans tous leurs voyages.

Puis, comprenant que l’exécution de son projet exigeait des ressources plus considérables que celles dont il disposait, La Sale fit construire une barque sur le lac Érié et consacra une année entière à courir le pays, visitant les Indiens, faisant un actif commerce de pelleteries, qu’il emmagasina dans son fort du Niagara, tandis que Tonti agissait de même sur d’autres