Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

chez lesquels il fit un butin considérable, concordaient de tout point avec ceux qu’il avait recueillis à son départ.

Il existait bien, dans le sud, un vaste empire, « si riche en or que les plus vils instruments en étaient faits », où des animaux domestiques, les lamas, dont la figure, dessinée par les indigènes, rappelait celle du chameau, avaient été apprivoisés et portaient de lourds fardeaux. Ces détails intéressants et la grande quantité de perles qui lui furent offertes confirmèrent Balboa dans cette idée qu’il avait atteint les contrées asiatiques décrites par Marco Polo, et qu’il était non loin de cet empire de Cipango dont le voyageur vénitien avait décrit les merveilleuses richesses, qui miroitaient sans cesse devant les yeux de ces avides aventuriers.

À plusieurs reprises, Balboa traversa l’isthme du Darien, et toujours dans des directions nouvelles. Aussi A. de Humboldt a-t-il pu dire avec raison que ce pays était mieux connu au commencement du seizième siècle que de son temps. Bien plus, Balboa avait lancé sur l’Océan qu’il avait découvert des bâtiments construits par ses ordres, et il préparait un formidable armement, avec lequel il comptait conquérir le Pérou, lorsqu’il fut odieusement et juridiquement mis à mort par ordre du gouverneur du Darien, Pedrarias Davila, jaloux de la réputation qu’il avait déjà conquise et de la gloire qui allait sans doute récompenser son audace dans l’expédition qu’il projetait. La conquête du Pérou se trouva donc retardée de vingt-cinq ans, grâce à l’envie crimi-