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LA GRANDE FLIBUSTE

qu’il rencontra sans cesse, la mousson du nord-ouest qui allait arriver, le forcèrent à renoncer à son entreprise, après avoir découvert plus de trois cents lieues du continent austral. Il se dirigea ensuite vers Timor, où il comptait reposer et refaire son équipage épuisé par ce long voyage. Mais il connaissait peu ces parages, et ses cartes étaient tout à fait insuffisantes. Il fut donc obligé d’en opérer la reconnaissance, comme si les Hollandais n’y fussent pas établis depuis longtemps. C’est ainsi qu’il découvrit, entre Timor et Anamabao, un passage à l’endroit où sa carte n’indiquait qu’une baie. L’arrivée de Dampier dans un port qu’eux seuls connaissaient, surprit et mécontenta gravement les Hollandais. Ils se figurèrent que les Anglais n’avaient pu y parvenir qu’au moyen de cartes prises sur un vaisseau de leur nation. Cependant, ils finirent par revenir de leur frayeur et les accueillirent avec bienveillance.

Bien que les préludes de la mousson se fissent sentir, Dampier reprit la mer et se dirigea vers la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée, qu’il atteignit, le 4 février 1700, près du cap Maho des Hollandais. Parmi les choses qui le frappèrent, Dampier cite la prodigieuse quantité d’une espèce de pigeons, des chauves-souris d’une taille extraordinaire, et des pétoncles, sorte de coquillage, dont l’écaille vide ne pesait pas moins de 258 livres. Le 7 février, il approche de l’île du Roi-Guillaume et court dans l’est, où il ne tarde pas à voir le cap de Bonne-Espérance de Schouten et l’île