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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

jamais troubler les ébats. Une chaleur humide anéantit les forces et abat en peu de temps l’énergie de l’homme le plus robuste.

À ces obstacles que la nature semblait avoir semés à plaisir sur la route que Balboa devait parcourir, allaient s’ajouter ceux, non moins redoutables, que les féroces habitants de ce pays inhospitalier devaient lui opposer. Sans souci des risques que pouvait faire courir à son expédition la fidélité problématique de ses guides et de ses auxiliaires indigènes, Balboa partit, escorté par un millier d’Indiens porteurs et par une troupe de ces terribles lévriers qui avaient pris goût à la chair humaine dans l’Española.

Des tribus qu’il rencontra sur son chemin, les unes s’enfuirent dans les montagnes avec leurs provisions ; les autres, mettant à profit les accidents du terrain, essayèrent de lutter. Marchant au milieu des siens, souffrant de leurs privations, ne s’épargnant jamais, Balboa sut relever leur courage plus d’une fois défaillant, et leur inspirer un tel enthousiasme qu’après vingt-cinq jours de marche et de combats, il put enfin découvrir du haut d’une montagne cet immense Océan, dont, quatre jours après, l’épée nue d’une main, la bannière de Castille de l’autre, il prit possession au nom du roi d’Espagne. La partie du Pacifique qu’il venait d’atteindre est située à l’est de Panama et porte encore aujourd’hui le nom de golfe de San-Miguel que Balboa lui avait donné. Les renseignements obtenus des caciques du voisinage, qu’il soumit par les armes et