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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

s’apercevoir de son absence. Il n’avait que son fusil et son couteau, avec une petite corne de poudre et un peu de plomb. Après avoir consommé son plomb et sa poudre, il avait trouvé le moyen de scier, avec son couteau, le canon de son fusil en petits morceaux et d’en faire des harpons, des lances, des hameçons et un long couteau. Avec ces instruments, il eut toutes les provisions que l’île produit : chèvres et poissons. À un demi-mille de la mer, il avait une petite hutte revêtue de peaux de chèvres. Il ne lui était pas resté d’habit ; une simple peau servait à lui couvrir les reins. »

Si nous nous sommes arrêté, quelque peu sur cet ermite forcé, c’est qu’il a servi de type à Daniel de Foe pour son Robinson Crusoe, ce roman qui a fait les délices de tous les enfants.

Nous ne raconterons pas ici par le menu toutes les expéditions auxquelles participa Dampier. Il nous suffira de dire qu’il visita, dans cette campagne, les îles Gallapagos. Voyant la plupart de ses entreprises échouer, le capitaine Swan, sur le bord duquel Dampier servait en 1686, gagna les Indes orientales, où les Espagnols se tenaient moins sur leurs gardes, et où il comptait s’emparer du galion de Manille. Mais nos aventuriers arrivèrent à Guaham, n’ayant plus que trois jours de vivres. Les matelots avaient concerté de manger successivement, si la route se prolongeait, tous ceux qui s’étaient déclarés pour le voyage, et de commencer par le capitaine, qui en avait fait la pro-