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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

que ce métier ne pouvait lui plaire. Aussi, il abandonna ses nègres au bout de six mois, et s’embarqua pour la baie de Campêche, où il travailla pendant trois ans à récolter des bois de teinture.

Au bout de ce temps, on le retrouve à Londres ; mais les lois, et les agents chargés de les faire respecter, le gênent. Il regagne la Jamaïque, où il ne tarde pas à se mettre en rapport avec ces fameux boucaniers et flibustiers qui firent, à cette époque, tant de mal aux Espagnols.

Établis dans l’île de la Tortue, sur la côte de Saint-Dominique, ces aventuriers, Anglais ou Français, avaient juré une haine implacable à l’Espagne. Leurs ravages ne se bornèrent pas au seul golfe du Mexique ; ils traversèrent l’isthme de Panama et dévastèrent les côtes de l’océan Pacifique, depuis le détroit de Magellan jusqu’à la Californie. La terreur exagérait encore les exploits de ces flibustiers, qui tenaient, cependant, du merveilleux.

C’est parmi ces aventuriers, alors commandés par Harris, Sawkins et Shays, que Dampier s’engagea. En 1680, nous le voyons dans le Darien. Il y pille Santa-Maria, essaie vainement de surprendre Panama, et capture avec ses camarades, montés sur de mauvais canots volés aux Indiens, huit navires bien armés, qui étaient au mouillage, non loin de la ville. En cette circonstance, les pertes des flibustiers ont été si considérables dans le combat, et le butin si maigre, qu’ils se séparent. Les uns regagnent le golfe du Mexique,