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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Pendant que Tavernier accomplissait ses dernières et lointaines excursions, un archéologue distingué, Jean de Thévenot, neveu de Melchisédec Thévenot, l’érudit à qui l’on doit la publication d’une intéressante série de voyages, parcourait l’Europe d’abord, puis Malte, Constantinople, l’Égypte, Tunis et l’Italie. Il rapportait, en 1661, une importante collection de médailles, d’inscriptions de monuments, aujourd’hui d’un si puissant secours pour l’historien et le philologue. En 1664, il partait de nouveau pour le Levant, visitait la Perse, Bassorah, Surate et l’Inde, où il vit Masulipatam, Berampour, Aurengabad et Golconde. Mais les fatigues qu’il avait éprouvées l’empêchèrent de regagner l’Europe, et il mourut dans l’Arménie en 1667. Le succès de ses relations, bien mérité par le soin et l’exactitude d’un voyageur dont la science en histoire, en géographie, en mathématiques, dépassait, de beaucoup, le niveau moyen de ses contemporains, fut considérable.

Il nous faut maintenant parler de l’aimable Bernier, le « joli philosophe », ainsi qu’il était appelé dans son cercle galant. Là, se rencontraient Ninon et La Fontaine, madame de la Sablière, Saint-Évremont et Chapelle, sans compter tant d’autres bons et gais esprits, réfractaires à la solennité gourmée qui pesait alors sur l’entourage de Louis XIV. Bernier ne pouvait échapper à la mode des voyages. Après avoir vu sommairement la Syrie et l’Égypte, il résida douze ans dans l’Inde, où ses connaissances spéciales en médecine