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MISSIONNAIRES ET COLONS

bonne ville de Laval. Après tant de traverses, Pyrard dut sans doute sentir le besoin du repos, et l’on est fondé à croire, par le silence de l’histoire sur la fin de sa vie, qu’il sut enfin trouver le bonheur.

Si l’honnête bourgeois François Pyrard fut, pour ainsi dire, malgré lui et pour avoir voulu faire fortune trop rapidement, lancé dans des aventures où il faillit laisser sa vie, ce furent des circonstances autrement romanesques qui décidèrent Pietro della Valle à voyager. Descendant d’une noble et antique famille, il est tour à tour soldat du pape et marin, faisant la chasse aux corsaires barbaresques. À son retour à Rome, il trouve, auprès d’une jeune fille qu’il devait épouser, la place prise par un rival qui a profité de son absence. Un si grand malheur appelle un remède héroïque. Della Valle jure de visiter, en pèlerin, le tombeau du Christ. Mais s’il n’est chemin, dit le proverbe, qui ne mène à Rome, il n’est si long détour qui ne conduise à Jérusalem. Della Valle devait le prouver. Il s’embarque en 1614 à Venise, passe treize mois à Constantinople, gagne par mer Alexandrie, puis le Caire, et se joint à une caravane qui le mène enfin à Jérusalem. Mais, chemin faisant, della Valle avait sans doute pris goût à la vie de voyage, car il visite successivement Bagdad, Damas, Alep, et pousse même une pointe jusqu’aux ruines de Babylone. Il faut croire que della Valle avait été marqué comme une victime facile, car, à son retour, il tombe amoureux d’une jeune chrétienne de Mardin, d’une merveilleuse beauté, et