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MISSIONNAIRES ET COLONS

son projet de gagner Santa-Cruz. Il fit route dans le sud-ouest, et, après avoir découvert plusieurs petites îles, il arriva, le 1er mai 1606, dans une baie large de plus de huit lieues. Il donna à cette île le nom de Saint-Esprit, qu’elle a conservé. C’était une des Nouvelles-Hébrides. Quels événements se passèrent pendant cette relâche ? La relation est muette sur ce sujet. Mais nous savons, d’autre part, que l’équipage révolté fit Quiros prisonnier, et, abandonnant le second vaisseau et le brigantin, reprit, le 11 juin, la route d’Amérique, où il arriva, le 3 octobre 1606, après neuf mois de voyage. M. Ed. Charton n’éclaircit pas cet événement. Il se tait sur la révolte de l’équipage et jette même tout le tort de la séparation sur le commandant du second bâtiment, Luis Vaes de Torrès, qui aurait abandonné son général en quittant la Terre du Saint-Esprit. Or, on sait, par une lettre même de Torrès au roi d’Espagne, — publiée par lord Stanley à la fin de son édition anglaise de l’Histoire des Philippines par Antoine de Morga, — qu’il resta « quinze » jours à attendre Quiros dans la baie de Saint-Philippe et de Saint-Jacques. Les officiers, réunis en conseil, résolurent de lever l’ancre le 26 juin, et de continuer la recherche du continent austral. Retardé par les mauvais temps, qui l’empêchent de faire le tour de l’île du Saint-Esprit, assailli par les réclamations d’un équipage sur lequel souffle un vent de révolte, Torrès se décide à faire route au nord-est pour gagner les îles espagnoles. Par onze degrés et demi, il découvre