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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

diverses couleurs ; le cou et les membres chargés de plusieurs tours de cordon en petits grains d’or ou de bois noir, en dents de poissons, en espèces de médailles de nacre, de perles. Pour armes, ils avaient des arcs, des flèches empoisonnées, à pointes aiguës, durcies au feu ou armées d’os et trempées dans un suc d’herbe, de grosses pierres, des épées de bois lourd, d’un bois raide, avec trois pointes de harpon, de plus d’une palme chacun. Ils avaient en bandoulière des havresacs de feuilles de palmier fort bien travaillés, remplis de biscuits qu’ils font de certaines racines dont ils se nourrissent. »

Mendana crut d’abord les reconnaître pour les habitants des îles dont il était en quête, mais il ne tarda pas à être détrompé. Les vaisseaux furent accueillis par une grêle de flèches. Ces événements étaient d’autant plus fâcheux que Mendana, voyant qu’il ne pouvait retrouver les îles Salomon, s’était déterminé à établir sa colonie dans cet archipel. À ce propos, la discorde divisa bientôt les Espagnols ; une révolte, fomentée contre le général, fut presque aussitôt réprimée, et les coupables furent exécutés. Mais, ces tristes événements et les fatigues du voyage avaient si profondément atteint la santé du chef de l’expédition, qu’il mourut, le 17 octobre, après avoir eu le temps de désigner sa femme pour lui succéder dans la conduite de l’expédition. Mendana mort, les hostilités avec les naturels redoublèrent ; plusieurs Espagnols étaient si épuisés par les maladies et les privations qu’une vingtaine