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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

d’or, le moindre grain d’argent aurait bien mieux fait leur affaire. Mendana dut attendre vingt-sept ans avant de pouvoir organiser une nouvelle expédition.

Cette fois, l’armement était considérable, car on se proposait de fonder une colonie dans l’île de San-Christoval, qu’Alvaro de Mendana avait vue à son premier voyage. Aussi, quatre navires portant près de quatre cents personnes, la plupart mariées et parmi lesquelles il convient de citer doña Isabelle, femme de Mendana, les trois beaux-frères du général, et le pilote Pedro-Fernandez Quiros, qui devait s’illustrer plus tard comme commandant en chef d’une autre expédition, partirent du port de Lima le 11 avril 1595. Ils ne laissèrent définitivement que le 16 juin la côte du Pérou, où ils avaient achevé de s’équiper. Au bout d’un mois d’une navigation qui ne fut marquée par aucun incident, on découvrit une île, qui, suivant la coutume, reçut le nom de la sainte qu’on fêtait ce jour-là, et fut appelée Madeleine. Immédiatement, la flotte fut entourée d’une foule de canots, portant plus de quatre cents Indiens presque blancs, d’une belle taille, et qui, tout en donnant aux matelots des cocos et d’autres fruits, semblaient les engager à débarquer. Ils ne furent pas plus tôt montés à bord qu’ils se mirent à piller ; il fallut tirer un coup de canon pour s’en débarrasser, et l’un d’eux, qui avait été blessé dans la bagarre, eut bientôt changé leurs dispositions. On dut répondre par la mousqueterie à la grêle de flèches et de pierres qu’ils lancèrent sur les bâtiments. Non loin