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MISSIONNAIRES ET COLONS

et reconnut que cette terre était habitée, mais sans qu’il pût, cependant, apercevoir aucun indigène.

Après avoir suivi cette côte pendant un certain temps, il fit voile dans l’est, avec l’intention de remonter ensuite dans le nord, pour gagner l’archipel des Salomon. Le 13 décembre, il arriva, par 42°10’ de latitude, en vue d’une terre montueuse qu’il suivit vers le nord jusqu’au 18 décembre. Là, il mouilla dans une baie ; mais les plus hardis des sauvages qu’il y rencontra ne s’approchèrent du navire qu’à la distance d’un jet de pierre. Leur voix était rude, leur taille grande, leur couleur d’un brun tirant sur le jaune ; leurs cheveux noirs, à peu près aussi longs que ceux des Japonais, étaient relevés au sommet de la tête. Ils osèrent le lendemain venir à bord d’un des vaisseaux pour faire quelques échanges. Tasman, voyant ces dispositions pacifiques, expédia vers la terre une chaloupe pour prendre une connaissance plus approfondie du rivage. Des marins qui la montaient, trois furent tués sans provocation par les indigènes, et les autres, se sauvant à la nage, furent recueillis par les embarcations des navires. Lorsqu’on fut en état de faire feu sur les assaillants, ils avaient déjà disparu. Le lieu où s’était passé ce funeste événement reçut le nom de baie des Assassins (Moordenaars bay). Tasman, persuadé qu’il ne pouvait entamer aucune relation avec des peuples si féroces, leva l’ancre et remonta les côtes jusqu’à leur extrémité, qu’il nomma cap Maria-Van-Diemen, en l’honneur de sa « dame, »