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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

minants du XVIIe siècle, et nous devons reconnaître tout ce que la géographie et les sciences historiques doivent à ces hommes dévoués, instruits et modestes. Le voyageur ne fait que passer, le missionnaire séjourne dans le pays. Ce dernier a évidemment bien plus de facilités pour acquérir une connaissance intime de l’histoire et de la civilisation des peuples qu’il étudie. Il est donc tout naturel que nous leur devions des récits de voyages, des descriptions, des histoires encore consultées avec fruit et qui ont servi de base aux travaux postérieurs.

S’il est un pays auquel s’appliquent plus particulièrement ces réflexions, c’est l’Afrique et notamment l’Abyssinie. Que connaissait-on de ce vaste continent triangulaire au XVIIe siècle ? Rien que les côtes, dira-t-on ! Erreur. Depuis les temps les plus reculés, l’Astapus et le Bahr-el-Abiad, les deux branches du Nil, étaient connus des anciens. Ceux-ci s’étaient même avancés, si l’on en croit les listes de peuples et de pays retrouvés à Karnak par M. Mariette, jusqu’aux grands lacs intérieurs. Au XIIe siècle, le géographe arabe Edrisi écrit, pour Roger II de Sicile, une excellente description de l’Afrique et confirme ces données. Plus tard, Cadamosto et Ibn Batutah parcourent l’Afrique, et ce dernier va jusqu’à Tombouctou. Marco Polo déclare que l’Afrique ne tient à l’Asie que par l’isthme de Suez et visite Madagascar. Enfin, lorsque les Portugais, à la suite de Vasco da Gama, ont accompli le périple de l’Afrique, quelques-uns s’arrêtent