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LES VOYAGES D’AVENTURES

en grande abondance ; des oiseaux remplissaient l’air de chants inconnus, c’était pour nous un véritable concert. Mon capitaine, envoyé à la recherche des mines, aperçut des veines d’or et d’argent ; mais, comme il n’avait que son épée pour instrument, il ne put détacher ces métaux pour les examiner en détail, il en emporta cependant plusieurs morceaux qu’il se réservait d’examiner plus tard. Un Espagnol de Caracas appela cette mine Madre del Oro (mère de l’or). » Puis, comme Raleigh sent bien que le public est en garde contre ses exagérations, il ajoute : « On pensera peut-être qu’une fausse et trompeuse illusion m’a joué, mais, pourquoi aurais-je entrepris un voyage aussi pénible, si je n’avais eu la conviction que sur la terre il n’y avait pas un pays plus riche en or que la Guyane ? Whiddon et Milechappe, notre chirurgien, rapportèrent plusieurs pierres qui ressemblaient beaucoup aux saphirs. Je montrai ces pierres à plusieurs habitants de l’Orénoque, qui m’ont assuré qu’il en existait une montagne entière. » Un vieux cacique de cent dix ans, qui cependant pouvait faire encore dix milles à pied sans se fatiguer, vint le voir, lui vanta la puissance formidable de l’empereur de Manoa et lui prouva que ses forces étaient insuffisantes. Il lui dépeignit ces peuples comme très-civilisés, portant des habits, possédant de grandes richesses, notamment en plaques d’or ; enfin il lui parla d’une montagne d’or pur. Raleigh raconte qu’il voulut en