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LES VOYAGES D’AVENTURES

propres de M. Philarète Chasles, « au moment même où il s’embarquait, on ne croyait pas à ses promesses, on se défiait de ses exagérations, on craignait les résultats d’une expédition dirigée par un esprit aussi hasardeux et d’une moralité aussi équivoque. »

Cependant, il semblait que Raleigh eût tout prévu pour cette œuvre et qu’il eût fait les études nécessaires. Non-seulement il parlait de la nature du sol de la Guyane, de ses productions et de ses peuples avec un aplomb imperturbable, mais il avait eu soin d’envoyer à ses frais un navire commandé par le capitaine Whiddon, afin de préparer les voies à la flotte qu’il allait conduire en personne sur les bords de l’Orénoque. Toutefois, ce qu’il se garda bien de confier au public, c’est qu’il ne reçut de son émissaire que des renseignements défavorables à l’entreprise. Lui-même partit de Plymouth, le 9 février 1595, avec une petite flotte de cinq vaisseaux et cent soldats, sans compter les marins, les officiers et les volontaires. Après s’être arrêté quatre jours à Fuertaventura, l’une des Canaries, pour y faire du bois et de l’eau, il gagna Ténériffe, où devait le rejoindre le capitaine Brereton. L’ayant vainement attendu huit jours, Raleigh partit pour la Trinité, où il rallia Whiddon. L’île de la Trinité était alors gouvernée par don Antonio de Berreo, qui, disait-on avait recueilli sur la Guyane des renseignements précis. Il ne vit pas avec plaisir l’arrivée des Anglais et dépêcha immédiatement à Cumana et à l’île Margue-