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LES VOYAGES D’AVENTURES

chait à semer dans les équipages et de sa rébellion bien constatée. Le 5 janvier, l’île d’Annobon, située un peu audessous de la ligne, dans le golfe de Guinée, fut reconnue, et l’on changea de route pour traverser l’Atlantique. À peine de Noort venait-il de mouiller dans la baie de Rio-Janeiro, qu’il envoya à terre des matelots pour faire de l’eau et acheter aux naturels quelques provisions. Mais les Portugais s’opposèrent à la descente et tuèrent onze hommes. Alors, chassés de la côte du Brésil par les Portugais et les indigènes, repoussés par les vents contraires. ayant vainement essayé d’atteindre l’île Sainte-Hélène, où ils comptaient prendre des rafraîchissements, dont ils avaient le plus pressant besoin, les Hollandais, privés de leur pilote, errent à l’aventure sur l’Océan. Ils débarquent aux îles désertes de Martin-Vaz, regagnent la côte du Brésil, au Rio-Doce, qu’ils prennent pour l’île de l’Ascension, et sont finalement forcés d’hiverner dans l’île déserte de Santa-Clara. Cette relâche fut signalée par plusieurs événements fâcheux. Le vaisseau amiral toucha contre un écueil avec tant de violence, que, par une mer un peu forte, il eût été perdu. Il y eut aussi quelques exécutions sanglantes et barbares de matelots rebelles, notamment celle d’un pauvre homme qui, ayant blessé un pilote d’un coup de couteau, fut condamné à avoir la main clouée au grand mât. Les malades, nombreux sur la flotte, furent débarqués, et presque tous guérirent au bout de quinze jours. Du 2 au 21 juin, de Noort demeura dans cette île, qui n’était