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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Indiens comme un troupeau de bestiaux, les avaient répartis entre les colons. Les cruautés envers cette malheureuse race devenaient tous les jours plus épouvantables. Dans un ignoble guet-apens, Ovando s’empara de la reine de Xaragua et de trois cents des principaux du pays. À un signal donné, ceux-ci furent passés au fil de l’épée sans qu’on eût rien à leur reprocher. « Pendant plusieurs années, dit Robertson, l’or qu’on apportait aux fontes royales d’Espagne montait à 460,000 pesos environ (2,400,000 livres tournois), ce qui doit paraître une somme prodigieuse, si l’on fait attention à la grande augmentation de valeur que l’argent a acquise depuis le commencement du XVIe siècle. » En 1511, Diego Velasquez fit avec trois cents hommes la conquête de Cuba, et là se renouvelèrent les scènes de massacre et de pillage qui ont rendu si tristement fameux le nom espagnol. On coupait les poings aux Indiens, on leur arrachait les yeux, on versait de l’huile bouillante ou du plomb fondu dans leurs blessures, quand on ne les brûlait pas à petit feu pour leur arracher le secret des trésors dont on les croyait possesseurs. Aussi la population diminuait-elle rapidement, et le jour n’était pas éloigné où elle serait complétement éteinte. Il faut lire, dans Las Casas, l’infatigable défenseur de cette race si odieusement persécutée, l’émouvant et horrible récit des tortures qu’elle eut partout à souffrir.

À Cuba, le cacique Hattuey, fait prisonnier, fut condamné à périr par le feu. Attaché au poteau, un franciscain s’efforçait de le convertir en lui promettant