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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

une barque portant quatre-vingts livres d’or, soit 14,080 écus de France, et n’eut pas de peine, à la hauteur du cap San-Francisco, à s’emparer du Caga-Fuego, sur lequel il trouva quatre-vingts livres d’or. Cela fit dire en riant au pilote espagnol : « Capitaine, notre navire ne doit plus se nommer Caga-Fuego (crache-feu), mais bien Caga Plata (crache-argent), c’est le vôtre qui doit s’appeler Caga-Fuego. » Après un certain nombre d’autres prises plus ou moins riches sur la côte du Pérou, Drake, apprenant qu’un armement considérable se préparait contre lui, pensa qu’il était temps de rentrer en Angleterre. Pour cela, trois routes s’ouvraient devant son navire : repasser par le détroit de Magellan, ou traverser la mer du Sud et doubler le cap de Bonne-Espérance pour revenir par l’Atlantique, ou bien remonter la côte de Chine et rentrer par la mer Glaciale et le cap Nord. C’est à ce dernier parti, comme au plus sûr, que Drake s’arrêta. Il prit donc le large, gagna le 38e degré de latitude nord et débarqua dans la baie de San-Francisco, qui avait été vue trois ans auparavant par Bodega. On était alors au mois de juin. La température était très-basse et la terre couverte de neige. Les détails que Drake donne sur sa réception par les indigènes sont assez curieux : « Quand nous sommes arrivés, les sauvages ont témoigné une grande admiration de nous voir, et, pensant que nous étions des dieux, ils nous ont reçus avec une grande humanité et révérence.

« Tant que nous sommes demeurés, ils ont continué