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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

le 2 juin. Le jour suivant, il atteignit le havre Saint-Julien, où il trouva une potence jadis dressée par Magellan pour punir quelques rebelles de son équipage. Drake, à son tour, choisit ce lieu pour se débarrasser d’un de ses capitaines, nommé Doughty, depuis longtemps accusé de trahison et de détournement, et qui, à plusieurs reprises, s’était séparé de la flotte. Quelques matelots ayant avoué qu’il les avait sollicités de se joindre à lui pour rompre le voyage, il fut convaincu du crime de rébellion et d’embauchage, et, suivant les lois d’Angleterre, condamné par un conseil de guerre à avoir la tête tranchée. Cette sentence fut incontinent exécutée, bien que Doughty eût jusqu’au dernier moment énergiquement protesté de son innocence. La culpabilité du capitaine Doughty était-elle bien prouvée ? Si Drake fut accusé, à son retour en Angleterre, et malgré la modération dont il fit toujours preuve envers les siens, d’avoir profité de l’occasion pour se débarrasser d’un rival qu’il redoutait, il est difficile d’admettre que les quarante juges qui prononcèrent la sentence se soient concertés pour obéir aux secrets desseins de leur amiral et condamner un innocent.

Le 20 août, la flotte, réduite à trois navires, par suite d’avaries survenues à deux bâtiments bientôt détruits par l’amiral, donna dans le détroit, qui n’avait pas été franchi depuis Magellan. S’il rencontra de beaux havres, Drake constata qu’il était difficile d’y mouiller à cause de la profondeur de l’eau près de la terre, en même